4/13/2007

Que dire quand Sarkozy évoque le suicide ?

Le tollé suscité par les propos de Sarkozy sur le suicide montre une chose : c’est Sarkozy qui a eu le dernier mot !

Très paradoxal, n’est-ce pas ?

En effet, le premier moment, les premiers mots de Sarkozy étaient : « génétiquement », les jeunes qui se sont suicidé « avaient une fragilité ».

Et puis, la réponse est venue de tous bords, de toutes tendances, de toutes dimensions (philosophiques, politiques, religieuses, etc…). Tout y passe. Mais, c’est à se demander quelle en est l’efficacité politique.

Troisième temps, Sarkozy ponctue par : « j’ai avancé ces idées pour en débattre ». Et c’est ce qu’il s’est passé, il y a un débat.

Mais j’ai la très désagréable impression que ce débat tourne à la parlotte sur « l’inné et l’acquis ». Car personne n’oblige vraiment Sarkozy à s’avancer sur ses idées en tant que candidat. Voilà une bonne question à lui poser !

Alors, si le suicide indique une « fragilité génétique », que propose Sarkozy, candidat à la présidence de la République ?

Une fois président, cela veut-il dire qu’il compte dépister le suicide à la naissance ? Stériliser les mères suicidaires ? Interdire le baccalauréat aux enfants de suicidaires ? Financer un laboratoire pour établir la carte du gène du suicide ? Appeler à la générosité des français ? Lancer un « suicideton » ?

Quoi encore ?

Ficher les suicidaires ? Inscrire « suicidaire » sur la carte vitale ? Coupler les numéros de portables, la carte vitale et la carte bancaire pour interdire aux suicidaires d'emprunter pour acheter leur toit ? Rapprocher le fichier des suicidaires de celui des délinquants ? Mettre les suicidaires dans des centres (ou en prison s’ils sont pédophiles de surcroit) ?

Quoi d’autre ?

Que fera Sarkozy des maliens suicidaires ? Interdire leur mariage avec une française ? Les stériliser ? Les mettre dans un Airbus ?

(Ces questions sont abordées dans une belle synthèse de Joseph Mornet Psy-désir et un article du courrier de l'Unesco apport un éclairage intéressant des enjeux sociaux et économiques).

Malheureusement, Sarkozy n’a pas énoncé les conséquences politiques de son affirmation initiale. Il n’a pas argumenté sur ce qu’il a dit à Onfray. Il n’a ni développé, ni expliqué ce qu’il entendait par là. Il n’est pas allé au bout de ce qu’il a dit.

Il a reculé sur sa pensée pour la réduire à un « débat » qu’il cède volontiers aux autres. Il a cédé, quoi ! C’est une esquive qui indique sa position : « mon premier mot est le dernier et puis je me tais et vous débattez ! ».

Son refus de répondre à la rédaction du journal Libération est le symptôme qui démasque cette position.

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