9/24/2007

De la profonde humanité du suicide, Lucien Guirlinger

Lucien Guirlinger est professeur de philosophie honoraire en classes préparatoires.

Le seul mot de "suicide" suscite toujours un recul horrifié. Ce "meurtre de soi" fut longtemps sanctionné moralement et juridiquement dans la société occidentale. Objet, successivement, d’une malédiction mystique chrétienne, d’une objectivation scientifique et d’une médicalisation psychiatrique, le suicide s’est vu dénier, en Occident toute signification positive. Pourtant, ni pervers, ni irresponsable, l’acte suicidaire témoigne, dans sa subjectivité même, d’une profonde humanité. Non pas nécessairement irrationnel, insensé ou indigne ne nous révèle t-il pas à nous mêmes comme radicalement libres, exposés et responsables de notre projet de vie ? Sur M-Editer

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Si j'étais aveugle de naissance ou aveugle suite à un accident, que j'ai même un oeil crevé, éclaté, ou brûlé... Me forcerait-on à voir quand même alors que cette fonction n'est plus possible ?

Si j'étais sourd, totalement, que même en me collant un haut-parleur de concert à 1500 watts sur la tête je n'entende rien, m'obligerait-on à entendre quand même en prétendant partout que je le fais décidément exprès ?

Si j'étais cul-de-jatte, qu'il me soit même impossible de porter des prothèses pour remplacer mes jambes manquantes, me forcerait-on à marcher, à courir, à danser, à sautiller, etc...?

Si j'étais dans le coma, totalement impassible et ne ressentent aucun stimuli... me forcerait-on encore à répondre à des questions, ou à rire, ou à manger en mastiquant comme il faut, ou à jouer à la pétante...?


NON, évidemment que non. Ah bon ? C'est évident, vous pensez ? Vous pensez mal alors !

Parce qu'un dépressif qui a le cerveau qui est incapable de faire certaines choses, vous voulez l'obliger à les faire quand même, alors que par définition, s'il est malade, qu'il souffre, il ne peut pas. C'est pas qu'il ne VEUT PAS, c'est qu'il en est incapable.

Incapable d'éprouver du plaisir, de l'envie, d'avoir la force de faire...
Incapable de me nourrir convenablement, incapable de dormir correctement, incapable de me lever avec entrain, incapable de m'habiller bien, incapable de prendre la moindre décision d'ailleurs, tout est tellement compliqué, aller voir le courrier, manger, se laver, continuer son traitement, prendre un Rdv quelconque...


Mes bourreaux se cognent à une porte close. A un répondeur de téléphone portable peu sympathique. Ils n'aperçoivent désormais plus que les volets de ma fenêtre qui restent fermés toute la journée.

Notez ça quelque part et faites un grand pas en avant vers la compréhension, on n'est plus capable de fonctionner comme avant. Vos invitations à la piscine en été me font tellement flipper que j'aurais pu me suicider rien qu'à cause de ça...

Il en faut de la souffrance avant de se suicider.
Un jour on élèvera des monuments aux suicidés pour s'excuser de les avoir fait autant souffrir en ne prenant pas en compte leurs douleurs !