Hier soir, j’ai eu l’occasion de regarder l’émission « On est pas couché » de Laurent Ruquier où Corinne Maier était invitée. La q
uestion du suicide lui a été posée de façon tout à fait spéciale et tendancieuse.
Cette émission est assez éclectique et manifestement la discussion tournait autour des relations mères-filles. Le débat animé par Michel Polac et Eric Zemmour, concernait Jane Birkin, Lou Doillon et Clémentine Celarie. Corinne Maier était invitée pour son livre récent : « No kid – Quarante raisons de ne pas avoir d’enfant » aux éditions Michalon.
Maier défend une position tranchée sur les enfants. Les enfants sont « chiants » et si vous en avez la possibilité, abstenez-vous !
Maier a développé ses arguments et Zemmour a commencé à s’inquiéter des conséquences de sa thèse pour le social : « mais, alors si l’on va au bout de votre raisonnement, la société va se suicider ». De façon cohérente avec sa politique de provocation, Corinne Maier répond du point de vue collectif sur lequel Zemmour l’avait placé : « Avoir des enfants est une question de classe sociales. Si vous en avez les moyens, vous pouvez toujours en importer sans en faire vous mêmes ! Si vous n’en avez pas les moyens vous subirez les vôtres !» Maier a du alors affronter une charge vertueuse de Celarie qui décide de la provoquer : « Votre idée est nulle ! Si c’est comme ça, je vais écrire un livre pour donner quarante raisons d’avoir un enfant » !
Donc, la vie c’est avoir des enfants, le suicide serait de ne pas en avoir ? D’où vient cette radicalisation ? Comment peut-on en venir là ? N’y aurait-il pas une erreur quelque part ?
Mis à part le côté dialogue de sourds de l’émission, le point soulevé par Maier ne manque pas de pertinence. Mais, il est peut-être une chose qui n’a pas été clairement dite au cours de l’émission. Maier, avec son livre, prend une posture personnelle, elle prône « le sujet d’abord ». Si ce sujet est conséquent avec ses désirs et qu’il ne cède pas, il devrait chercher à ne pas avoir d’enfants pour ne pas compromettre les désirs incompatibles avec la présence des enfants. Ce sujet est radicalement indifférent à ce que peut devenir une société, il privilégie ses intérêts même s’ils sont contraires à ceux du social. Il n’a cure de savoir si la société croit ou décroit !
Zemmour a pris le contre-pied. Il ne parle pas au nom des individus, il se place au niveau du citoyen, du social et du bien commun. Mettons que ces entités soient des réalités, Zemmour fait ses comptes. Si les citoyens n’ont plus d’enfant, au niveau des chiffres, la population prise dans son ensemble diminue. Sa position est d’ailleurs assez banale et nous avons déjà entendu les éminents responsables de l’état s’alarmer du taux de fécondité en France. A commencer par de Gaulle et Giscard d’Estaing !
Mais ce n’est justement pas sur ce plan là que se place Maier. Ne pas avoir d’enfants peut représenter un suicide du « social » pour certains. Mais en réalité, le trait a tellement été grossi par Zemmour qu’il est évident que le social, s’il existe, a une vie indépendante de la présence ou non d’enfants. A ce régime, il suffit de trois personnes pour fabriquer du social, nul besoin qu’il s’agisse d’enfants. Donc, le suicide du « social » n’existe pas, le « social » est en quelque sorte éternel.
Si bien que, Maier ne l’a pas souligné mais il est probable qu’elle soit assez d’accord, ce serait plutôt le fait de ne pas avoir d’enfants qui protège du suicide. Et là, l’expérience de la clinique en psy vient à notre soutien. La conception, la grossesse et l’accouchement sont de rudes épreuves pour une femme. Sabina Spielrein1 la première, une analyste formée par Jung et Freud, a montré combien la grossesse peut déclencher des vœux de morts de la mère envers son enfant. En entretien, la présence d’un enfant pour une femme peut être une source de persécution ou de délire et conduire cette mère à un passage à l’acte suicidaire. Les exemples ne font pas défaut sur ce point. C’est payer cher la contribution d’une femme à la « société ». Dans ces cas, ce serait plutôt de se soumettre à cet idéal de la « société » qui pousse à l’acte suicidaire des mères en détresse.
No kid = no suicide !
1- Sayers, Les mères de la psychanalyse, Paris, PUF, 1991
1 commentaire:
Certes, les gens ont le droit de disposer d’eux même et de gérer leur vie comme ils l’entendent. Quant à avoir des enfants et les élever, c’est souvent l’une des épreuves les plus épuisante, frustrante et complexe qu’il nous soit donnée de vivre.
Tout parent sait de quoi je parle, tout comme il sait aussi qu’il ne se passerait jamais de ses enfants, tant ils représentent ses tripes – une part essentielle de sa vie, une expérience remplie de signification réelle et d’émotions intenses. Par opposition à l’existence commerciale superficielle et vide de sens que l’on nous force à vivre, afin de faire tourner la machine.
Or justement, la machine, il lui faut des enfants pour continuer de tourner. À preuve les retraites des glandus qui n’en ont pas eu et qu’il s’agit maintenant de financer. Au nom de l’individualisme, on a accouché d’une population qui ne songe plus qu’à se faire plaisir en se foutant du reste, et qui n’a plus la moindre conscience de faire partie d’une société, sans parler d’une civilisation. Par souci du politiquement correct, personne n’ose même s’alarmer des conséquences géopolitiques de la baisse de natalité dramatique qui touche l’ensemble des pays occidentaux, dont le nôtre.
Notre population ne se renouvelle plus. Pour la remplacer, environ 5 million de musulmans aujourd’hui, rien qu’en France, qui seront au bas mot 30 millions à l’horizon 2050, ont entamé un mouvement que rien ne semble pouvoir enrayer. Il paraît que c’est bien. Moi, ce qui me conforte, c’est l’idée que je serais mort d’ici là. Malheureusement, ce n’est pas le cas de mes enfants. Alors, comme un nombre croissant de français qui partagent la même prise de conscience, je viens d’émigrer avec ma famille là où ça parle anglais. Ma vie en banlieue parisienne m’a appris que la dignité, voire la survie, passe par les nombres : ceux de la démographie. Le monde musulman n’adhère que très parcimonieusement aux principes bien-pensants. Le racisme, concept inhibiteur qui vise uniquement notre ethnie, ne leur pose aucun soucis.
Et pendant ce temps, alors que notre civilisation prend la forme d’une peau de chagrin, qu’elle se recroqueville dans ses villages et ses musées, il y a des débiles pour s’essayer à faire du fric en poussant l’idée qu’il faut encore moins d’enfants. Peut-être un jour certain de nos dirigeants retrouveront suffisamment de conscience identitaire et feront des cas du type Corinne Maier un délit criminel. On peut toujours rêver.
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