2/16/2007

Prévention du suicide au 5ème congrès de l’Encéphale

Le Dr C. Recasens [1] a assisté au 5ème congrès de l’Encéphale sur le suicide. Les interventions ont fait état des projets de prévention. Voici son résumé :

« Le suicide est « un fait social total » disait Marcel Mauss. Phénomène inter, trans et plurisiciplinaire, il se prête à différentes lectures que le Pr Walter (Brest) a présentées de façon dense et concise.

La lecture médico-psychiatrique, avec ses facteurs de vulnérabilité et de risque psychopathologiques, ses évènements de vie précipitant, conduit à une clinique dynamique d'où ressortent les particularités de la crise suicidaire, de l'urgence ou encore de la psychologie de l'intentionnalité dans le passage à l'acte. La clinique psychanalytique a contribué, avec J. Lacan à distinguer l'acting out, où le geste est inscrit dans une adresse à l'autre (suicide aliénation), du passage à l'acte où le geste traduit la rupture du lien à l'autre (suicide séparation). La lecture sociologique, après l'ouvrage de référence de Durkheim, est prolongée actuellement par les travaux de D. Le Breton sur l'évolution des conduites à risque.

90% des patients ayant fait une tentative de suicide quittent l'hôpital dans la semaine qui suit le geste. La prise en charge est donc essentiellement extra-hospitalière. A partir de trois études parues entre 2001et 2006 dans le British Médical journal, le Dr G Vaiva (Lille) a montré l'intérêt de différentes formes de suivi des patients. II ressort de ces travaux qu'il est très utile de recontacter les personnes et de pouvoir être à leur disposition concrètement dans les suites d'un geste suicidaire, ce qui contribue à diminuer la fréquence des récidives, Des actions plus ciblées sur des groupes à risques sont intéressantes comme la création de « hotline » pour les personnalités borderline, un travail de « postvention » sur le psychotraumatisme de l’entourage d’un suicidant ou encore des interventions plus construites auprès des personnes qui font une « primorécidive ».

Pour clore cette session, le Pr M Debout (Saint Etienne) a décrit la méthodologie de l'autopsie psychologique des personnes suicidées. Pour savoir si la psychopathologie des suicidés diffère de celle des suicidants, il faut apprendre ce que « les morts ont à nous dire ». Par des entretiens avec les personnes qui les ont connus, par la consultation des dossiers médicaux, on recueille des informations sur les troubles préexistants et les traitements reçus. Il est maintenant établi que les personnes qui se suicident sont plus souvent suivis médicalement que des sujets contrôles, qu'ils reçoivent des traitements psychotropes et que la posologie de ces traitements est souvent augmentée dans le mois qui précède le geste, indiquant la prise de conscience par le médecin de l’aggravation d'une situation. Il y a donc vraisemblablement des possibilités de développer des actions de formation pour améliorer les réponses dans ces situations à risque ».


[1] - Séance plénière, présidée par le Pr P Cosyns, 5ème congrès de l’Encéphale, le vendredi 26 janvier 2007, Résumé paru dans Abstract Psychiatrie, n°24, février 2007

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