7/18/2007

Un suicide au travail signale une situation déjà assez dégradée

Dominique Chouanière a été interviewée par Le Monde au sujet du dernier suicide chez Peugeot. A chaud, il est bien difficile de tenir un discours exact ou d’avancer des idées cohérentes. Surtout quand justement, nous ne savons rien de la personne qui s’est tuée chez Peugeot.

Alors tout est possible, les questions sont ouvertes et peuvent porter sur à peu près n’importe quoi. Il y a une sorte d’impossibilité à répondre à ces interrogations. Le nombre de suicide au travail est-il en augmentation ? Chouanière ne le sait pas, ce qui semble être une réponse plutôt honnête.

Elle indique des choses assez intéressantes à propos de la base EPICEA, un fichier de statistique d’accident du travail.

Dans ce fichier, le suicide est très peu représenté. Il y a à ça plusieurs obstacles.

D’abord reconnaitre un décès comme suicide.

Puis, le déclarer comme accident.

Deux choses qui ne sont pas si évidentes quand on consulte ce fichier.

Une consultation rapide de ce fichier indique tout de même 17 cas de suicide au travail (pour 15 000 cas d'accidents du travail survenus, depuis 1990, à des salariés du régime général de la Sécurité sociale).

Ce qui est frappant : il s’agit souvent d’accidents dans des entreprises du bâtiment, il y a plusieurs suicides lors de déplacements avec le véhicule de service (accident de la route délibéré) et surtout, plusieurs des cas signalés avaient annoncé leur intention à leurs collègues ou alors leur souffrance morale était connue de ces collègues.

Ce fichier de la base EPICEA montre des lacunes évidentes. Mais il a le mérite d’exister.

Les motifs psychologiques et sociaux y sont très largement absents. Pourtant, ils existent bel et bien. L’un des cas signalés est celui d’un intérimaire qui assassine le gérant avant de se suicider en prison. Une autre appréhendait son départ à la retraite. Les suicides répétés chez Renault, Peugeot et EDF l’indiquent.

Chouaniere propose plusieurs types de réponses.

1- il faut une communication en interne dans l’entreprise qui permette d’énoncer la gravité de la situation, qui reconnaisse la possibilité que le travail soit en cause dans ce passage à l’acte quand il a lieu au travail car « c’est ouvrir la possibilité d’une solution pour que les conditions s’améliorent ».

2- Organiser la prise en charge des collègues du suicidé (débriefing, cellule d’écoute, consultation individuelles)

3- Enquêter sur la situation, l’évènement, déclarer le décès comme accident du travail. C’est une démarche réglementaire pour les entreprises. Le chef d’entreprise a obligation d’évaluer tous les risques professionnels, y compris les risques psycho-sociaux. Et donc de mettre en place des plans d’actions pour réduire les facteurs déclenchant du passage à l’acte.

La conclusion s’impose : plus il y aura de déclarations de suicide au travail comme accident du travail, plus ce problème sera pris en compte par nos responsables de la politique sanitaire. Car il n’est pas vrai de prétendre que la prévention n’existe pas quand il n’y a pas d’éléments matériels à modifier dans l’entreprise comme le dit Chouanière (machine dangereuse, condition de circulation, etc…). Un suicide sur le lieu du travail signifie qu’il s’agit d’une situation déjà assez « dégradée ». C’est-à-dire que si ce suicide est lié aux pratiques managériales de la direction, la situation est déjà assez ancienne et suffisamment perturbante pour avoir déclenché le passage à l’acte. D. Chouanière est médecin épidémiologiste et chef du projet sur le thème "stress au travail" à l'INRS (Institut national de recherche et de sécurité).

On peut écouter l’interview à :

http://www.lemonde.fr/web/panorama/0,11-0@2-3224,32-936580,0.html?xtor=RSS-3234

http://www.lemonde.fr/web/panorama/0,11-0@2-3224,32-936580@1-7631,0.html

http://www.lemonde.fr/web/panorama/0,11-0@2-3224,32-936580@1-7632,0.html

1 commentaire:

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