L’information sur le risque suicidaire lié aux implants mammaires est très difficile à trouver. Les articles de la presse médicale sont emprunts de nombreux euphémismes.
Les chirurgiens ont des positions variées. Quelles sont-elles ?
La plupart des chirurgiens n’en parlent même pas. La question est purement et simplement évacuée. Ces femmes seraient-elles tellement heureuses de leur opération ?
Quelques chirurgiens évoquent ce problème tout en le déniant. Les résultats des enquêtes ne les convainquent pas. Ils doutent de cette possibilité de suicide. Selon eux, il faudrait refaire des études avec une meilleure méthodologie, Source, USA, 2004.
Certains chirurgiens reconnaissent l’importance du problème. Il arrive que des femmes se suicident après la pose d’implants, mais, ce ne serait pas à cause des implants. Elles avaient déjà une pathologie psychiatrique. “The increased risk for death from suicide may reflect a greater prevalence of psychopathology rather than a causal association between implant surgery and suicide”. Source, Suède, 2003.
D’autres chirurgiens indiquent des taux de suicide manifestement sous-estimés. Ces auteurs soulignent le nombre important d’hospitalisation en psychiatrie avant l’opération, ils préfèrent suggérer que ces femmes seraient déjà folles avant la pose des implants, Source, Danemark, 2004.
Mais, la chose ne peut plus être cachée. Le risque de suicide est bien réel.
Une étude de 2006 menée par Jacques Brisson et Louis Latulippe, deux chercheurs de la faculté de médecine de l’Université Laval, auprès de 24,558 canadiennes ayant reçu des implants mammaires entre 1974 et 1989, révèle que le taux de suicide des femmes avec implants mammaires est 73, 95% plus élevé que dans la population générale. Un échantillon de 15,893 femmes qui sont passées sous le bistouri pour une chirurgie plastique autre que l’implantation mammaire leur taux de suicide était plus élevé 55, 95% que la moyenne de la population. Par contre, pour les autres causes de décès que le suicide, la mortalité est la même que dans la population générale.
Donc, premièrement, la chirurgie esthétique en général amène un risque spécifique pour le suicide. Deuxièmement, le risque suicidaire est nettement plus élevé pour les implants mammaires que pour les autres interventions esthétiques. Source, Ontario, 2006.
Les chirurgiens n’en reviennent toujours pas !
« Est-ce spécifique aux implants mammaires ? Non, semble-t-il », explique-t-on dans un site consacré à la chirurgie esthétique Infoesth.
Les résultats sont évidents, mais les chirurgiens préfèrent encore ne pas poser la question qui tue. La pose d’implants mammaires n’est pas une opération comme les autres. Elle conduit plus souvent au suicide que d’autres opérations esthétiques. Le rapport de cause à effet est tout à fait envisageable.
Ces quatre études ont toutefois un avantage. Elles attestent de la réalité de la question.
Une consultation préalable et obligatoire auprès du psy avait été envisagée lors de la rédaction des décrets d'application de la loi de mars 2002 sur la chirurgie esthétique… cette option a été abandonnée. Peur de l’aveu ? Les enjeux commerciaux sont-ils si importants ?
Selon Psychomédia, ces femmes auraient un profil psychologique caractérisé par « une faible estime personnelle, un manque de confiance en soi ». Le manque de confiance en soi est fréquent. Il n’est pas spécifique des femmes candidates à la pose d’implants mammaires. Il ne dit rien du rôle de la chirurgie dans le suicide. A ce point, les statistiques n’expliquent rien. Seuls, des récits et des témoignages pourraient nous renseigner.
Toujours est-il que l’idée de diagnostiquer une pathologie psychiatrique avant de poser des prothèses mammaire parait une nécessité.
Mais alors, ces patientes voudraient-elles encore de ces prothèses ?
Avis aux candidates, nous aimerions les lire !
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