12/02/2006

Aliénicide : le meurtre de soi par l’autre ?

Annie Strohem lire alerte notre attention sur un terme étrange : « l’aliénicide ». Ce mot n’existe dans aucun dictionnaire. C’est un néologisme inventé par Guy Laflèche voir. Que signifie-t-il ?

Laflèche emploie des expressions étranges comme le « convoi de traite »… C’est quelqu’un qui se plaint sans cesse de l’ostracisme des autres.

Il parle en particulier du suicide d’Hubert Aquin. Il s’agit d’un écrivain canadien qui a milité pour l’indépendance du Québec entre les années 1950 et 1977, voir. Aquin avait envoyé une série de lettres à son entourage avant de se faire sauter le crâne avec une carabine en 1996. Le livre de Gordon Sheppard tente de rendre compte de ce passage à l’acte, voir. Il vaut sans soute le coup de le lire…

Laflèche dénonce « les beaux mythes qu’on tue » et sa phrase se réfère à Aquin. Aquin est un mythe que l’on a tué.

Puis, il conteste qu’Aquin se soit suicidé pour affirmer que sa mort est la conséquence de sa maladie, enfin il pense que si Aquin s’était ouvert de son projet à sa famille, il ne serait pas mort. Ce qui est en contradiction avec son affirmation précédente : à moins que le fond de la maladie de Aquin soit justement de ne pas pouvoir s’en ouvrir aux autres ? Et pourquoi alors a-t-il écrit ses fameuses lettres, si ce n’est pour laisser une trace de son ouverture ?

Pour Laflèche c’est « la vérité, l’aliénicide d’Aquin » qui est cachée par le « mythe du suicide ». Laflèche emploie le terme de mythe pour désigner Aquin et comme qualificatif de ce que les autres disent de sa mort. Si bien que Laflèche laisse penser que ce serait le « beau mythe du suicide » lui-même qui devient aliénicide… Ce qui ne manque pas d’ironie quand Laflèche se dit être lui-même un mythe voir : « C'est moi-même, le « mythe contemporain Laflèche ».

Laflèche a donc glissé du mythe d’Aquin au sien. Cette permutation des personnages indique l’identification de Laflèche au mythe de Haquin.

Un néologisme a quelque chose d’intéressant. Il souligne une particularité, une singularité de celui qui l’invente. C’est un mot qui bricole les significations personnelles entre elles. Freud évoquait le don de vérité dans le délire à propos du président Schreber. Pour Laflèche, je ne connais pas sa vérité. Mais ce qui précède donne des indices.

Aliénicide est d’abord une façon d’insister sur motif du passage à l’acte. Laflèche considère que c’est la conséquence de la maladie de Haquin. Aliénicide avec un accent renvoie à aliéné, comme le remarque Strohem. Ce serait donc le meurtre d’un aliéné, quelqu’un qui souffre d’une maladie, par lui-même. Mais, l’aliéné c’est aussi celui qui souffre de l’autre. C’est peut-être ce point qui enflamme Laflèche.

Donc, aliénicide : le meurtre de (et par) celui qui souffre de l’autre.

A ce point, Laflèche avec son néologisme, dit quelque chose de sérieux sur le suicide. Pour certaines personnes, les voix qu’ils entendent, les hallucinations, peuvent être si puissantes, si impératives, qu’ils y obéissent sans y résister. Il suffit parfois que ces voix leur ordonnent de passer par la fenêtre pour qu’ils le fassent.

Il faudrait en savoir plus sur Laflèche pour aller plus loin. Dommage !

2 commentaires:

G. Perreault a dit…

Bonne analyse mais erreurs sur les dates (suicidé en '96?!) et fautes d'orthographe.

Alors que doit-on conclure? Que la perception des motifs du suicidé dénature son acte en lui-même?
Laflèche invente un néologisme- mais son point est qu'on ne devrait pas considérer cette mort comme un suicide au sens propre du terme- mais comme un résultat de sa ''maladie''?
Je suis présentement en recherche sur Aquin et je dois dire que vous points sont intéressants mais qu'ils n'éclairent en rien le personnage. Mais qui suis-je pour vous en blâmer, qui le pourrait?

G. Perreault a dit…

Bonne analyse mais erreurs sur les dates (suicidé en '96?!) et fautes d'orthographe.

Alors que doit-on conclure? Que la perception des motifs du suicidé dénature son acte en lui-même?
Laflèche invente un néologisme- mais son point est qu'on ne devrait pas considérer cette mort comme un suicide au sens propre du terme- mais comme un résultat de sa ''maladie''?
Je suis présentement en recherche sur Aquin et je dois dire que vous points sont intéressants mais qu'ils n'éclairent en rien le personnage. Mais qui suis-je pour vous en blâmer, qui le pourrait?